Résumé rédigé par Manuel LACARCEL à partir de :
Au temps de la Gaule indépendante, un groupe de la tribu des Garites s’établit sur le versant oriental d’un coteau couronné d’une forêt de chênes et baigné par un ruisseau consacré à Eire ou Ere, la reine des eaux et des bois, et occupa cette partie du territoire de l’Aquitaine qui, du couchant au levant, s’étendait du ruisseau de Nadesse au sommet des coteaux qui bordent la rive droite du ruisseau du Dère. Le bourg qui se forma dans ce lieu devant devenir plus tard le village de Beaupuy, voua un culte particulier à Bel, et lui éleva un sanctuaire à l’aspect du nord. Joignant suivant l’usage de la race gaélique, le nom du dieu qu’il adorait avec celui par lequel il désignait les montagnes et les hauteurs en général, il prit alors le nom de Belpech, qu’il porte dans les anciennes géographies (1) comme dans les archives communales, et qu’il conserve dans la langue vulgaire : celui de Beaupuy, sous lequel il est connu de nos jours, ne lui a été attribué que dans les premiers siècles du gouvernement féodal, ainsi que l’atteste le saisimentrum comitatus Tolosoe (2).
Deux voies partaient de son sein et se dirigeaient, comme de nos jours, l’une vers Gariès, en passant sous le bourg de Bouillac dont le nom signifie, comme on le sait, limite ou fin de la race. Chef-lieu de la tribu des Garités (3) et l’autre vers la Garonne, Ces routes lui ouvrirent bientôt la communication nécessaire à son existence, et un accès facile au sanctuaire de Bel, où de riches offrandes furent déposées, dans la suite, par les adorateurs de ce grand mythe de la théogonie druidique (4). Les faits que nous venons de retracer ne sont pas le fruit de notre imagination ; ils reposent sur une tradition constante, confirmée par d’anciens documents communaux et sur d’irrécusables témoignages. Guidés par une tradition vivante encore dans la commune de Beaupuy, des ouvriers de cette localité, au nombre de huit ou dix, s’associèrent, vers 1825, pour arracher aux entrailles de la terre un trésor sacré enfoui au nord du village, après avoir été dérobé au sanctuaire d’une divinité dont le nom s’est évanoui dans la nuit des temps.
Ne connaissant que la religion chrétienne et ne soupçonnant pas qu’il en eût jamais existé d’autre, deux ou trois d’entre eux s’imaginèrent que le trésor sacré indiqué par la tradition, était une statue en or massif, de grandeur naturelle, représentant saint Bernard, enlevée dans les temps de trouble à la basilique de l’abbaye de Grandselve, qui n’est pas éloignée de Beaupuy et enfouie à l’entrée du village ; mais la majeure partie de l’association était fermement convaincue que le trésor sacré, objet de ses recherches, provenait suivant la tradition du sanctuaire d’une divinité inconnue. Après avoir recueilli les renseignements nécessaires au succès de son entreprise, l’association ouvrière de Beaupuy traça, sous les auspices de l’autorité locale, une vaste ligne circulaire autour d’un terrain vacant, situé non loin de l’entrée du village et séparé de la voie publique par les deux chemins dont nous avons parlé, où l’on sait que le trésor était enfoui, et elle y creuse un puit qui, après deux ou trois années de travaux non interrompus , n’atteignit pas moins de 30 à 40 mètres de profondeur, sans aucun résultat. Les fouilles se poursuivaient sans relâche, et elles auraient continué longtemps encore avec la même ardeur, quand on acquit la conviction que l’un des membres de l’association avait un sort, et que tout espoir de succès s’était évanoui sans retour.
En présence de cette révélation fatidique, les travaux cessèrent incontinent et l’association fut immédiatement dissoute. […]. Son abandon à l'annonce d'un sort démontre, comme nous l'avons dit en commençant, que la divinité à laquelle le trésor enfoui à l'entrée du village de Beaupuy était consacré, n'est autre que Bel, dont ce village a longtemps porté le nom. […]
D'un autre côté, des haches en silex et divers autres objets en usage chez les peuples de la race gaëlique ont été recueillis par M. Frisac, juge de paix du canton de Verdun, à Monlausin et sur divers autres points de la commune de Beaupuy Les Gals fondèrent donc Beaupuy et lui donnèrent, comme nous l'avons dit, le nom de Belpech.
La haute antiquité de Beaupuy étant ainsi établie, nous allons en poursuivre l'historique sur les documents recueillis à cette fin, par M. Mandou, instituteur de cette commune, et par M. Delor, instituteur à Bouillac, auxquels nous avons joint les renseignements qui nous ont été fournis par notre confrère M. Devals, et nos propres recherches dans les cedes de plusieurs notaires du nom de Cazelles, qui ont successivement exercé dans la commune de Beaupuy.
De la chute de l’empire romain à l’établissement féodal, l’individualité de Beaupuy s’efface entièrement. Nous savons seulement que, sous les deux premières races de nos rois, Beaupuy fit successivement partie des deux royaumes de Toulouse et que ce bourg fut compris dans le comté de Toulouse, lorsqu’en 849 Charles le Chauve érigea ce comté en fief héréditaire en faveur de Frédelou.
Vers le milieu du Xe siècle, Beaupuy se trouva mêlé au mouvement religieux qui s’accomplit dans nos contrées à cette époque : le Normands et les Hongrois, dont les hordes envahirent la Gaule Méridionale au IXe siècle et dans la moitié du suivant et y répandirent leurs superstitions, portèrent les plus graves atteintes à la religion chrétienne et reversant les temples qui lui étaient consacrés et en immolant ses ministres. Les bénédictins du Mas Grenier sortirent de leur couvent, dés que ces barbares se furent éloignés de la région. Ils se répandirent dans le pays circonvoisin pour ramener à la foi les populations égarés (Finhan, Bessens, Montbartier, Verdun, St Cesert et Lagraulet) et l’on vit à Beaupuy l’ancien sanctuaire de Saint Pierre rendu au culte et érigé en prieuré simple avec le titre paroissial. L’abbaye du Mas Grenier prit alors possession du patronage de cette église ; elle l’étendit dans la suite à celle du village jusqu’à la révolution.
Beaupuy faisait partie du comté de Toulouse depuis sa fondation. Vers le milieu du XII e siècle Alphonse Jourdain comte de Toulouse le donna à Guillaume Arnaud, vicomte de Gimois et seigneur de Brignemont qui éleva un château fort au sommet du coteau sur lequel est situé le bourg, et en défendit l’accès par de larges fossés.
A partir de cette époque Beaupuy s’acquitte envers le comte de Toulouse et le roi de France de cent sols toulousains d’albergue et la chevauchée.
Le site du village était celui d'un castrum (Mot latin signifiant lieu fortifié, souvent employé pour désigner les emplacements des villes fortifiées) mentionné dès 1191.
Dans les premières années de Louis XIII,le duc d'Epernon acquit une grande autorité dans notre pays, et y fit souvent du château de Beaupuy sa résidence. il se délassa longtemps à Grandselve, comme plus tard Richelieu à Belleperche. Deux portraits en pied,rep^présentant l'un de cet illustre personnage et l'autre Louis XIII enfant ont figuré jusqu’à nous dans la grande salle de réception du château.
En 1616, le fief de Beaupuy passe des mains du duc d'Epernon dans celles d'Arnaud-Aimeric Dangereux, comte de Maillé. Il résulte cependant trouvé dans les démolitions du château qu'un seigneur du nom de Dangereux aurait possédé le fief de Beaupuy avant ce lui de d'Epernon. Par une bulle du 1er Février 1625, de grandes indulgences furent accordées par Urbain VIII à la confrérie de Notre Dame de Pitié, établie dans l'église paroissiale de Beaupuy qui depuis le XIV e siècle était celle du village.